Ars Longa

2008 11

Commissaire invité : Dominique Moulon (www.nouveauxmedias.net)

Pour sa deuxième exposition de la rentrée, Ars Longa a choisi de présenter le travail de l’artiste et développeur informatique Cyrille Henry. Utilisant des algorithmes mathématiques et des modélisations physiques pour concevoir ses œuvres, Cyrille Henry s’intéresse aux interactions entre le geste humain et l’informatique. Son travail s’est orienté tour à tour vers les capteurs, la modélisation physique, l’analyse gestuelle, les interfaces de contrôle informatique, ainsi que la synthèse sonore et visuelle en temps réel*. « Lors d’un déplacement, même si chaque instant offre au regard une image différente, le paysage qui défile participe de façon globale au souvenir du voyage. Comment alors restituer le voyage dans sa totalité ? » (Cyrille Henry).

Les Voyages sont des images panoramiques qui traitent du défilement du temps : plusieurs milliers de photographies prises en plan fixe pendant l’intégralité d’un trajet en train en fournissent la matière photographique. Elles sont ensuite compressées, prenant la taille d’une largeur d’un pixel pour être assemblées les unes après les autres en une seule image. En respectant la chronologie du déplacement d’une ville à l’autre, Cyrille Henry parvient à rendre visible une succession d’instants. La totalité d’un voyage peut alors être restituée dans toutes ses nuances : vitesse, arrêt en gare, lumière, densité des couleurs...

Cyrille Henry rend visible par découpe temporelle les strates du temps qui passe. Il donne forme à une image spatio­temporelle au sens propre du terme, et offre une lecture très personnelle des concepts propres au médium photographique, comme les notions de captation et de circulation du regard, de durée et d’instant photographique.

Les Formes Latentes sont le produit d’une mutation provenant d’une image numérique source. A chaque pixel que constitue la trame d’une image numérique est associé sa modélisation en trois imensions, composée de cubes en noir et blanc. Les couleurs d’origines sont transposées sous la forme de mouvements, et provoquent une multitude d’énergies et d’émergences de formes dont les sources semblent indéterminées. Les Formes Latentes résultent de cette transformation, qui rend compte, de manière abstraite, du procédé de construction d’une image, sans pour autant viser à « reproduire la sensation visuelle initiale, mais à rendre visible une structure sous­jacente ». (Cyrille Henry).

Utilisant le même procédé que pour les Formes Latentes, Cyrille Henry réalisera dans l’espace d’Ars Longa une installation interactive captant l’environnement extérieur de la galerie 24h/24. Les images seront retransmises en temps réel dans l’espace d’exposition. Le promeneur, alors surpris par une transcription de ses propres mouvements, devient tour à tour acteur et spectateur, pouvant se jouer de ses gestes tout en gardant certains repères.